La technique de vérification de la certitude
Fernando de Amorim
Paris, le 8 février 2020
Qu’il possède un diplôme de psychiatre, de médecin ou de psychologue, le praticien se doit de savoir repérer le nord dans la clinique, faute de quoi, à un moment donné, cette dernière coule, corps et biens, l’autre nom de la rupture du transfert, voire d’un passage à l’acte. Pour repérer le nord, il faut au clinicien des techniques. La compétence pour faire usage des techniques mises à disposition par Freud et Lacan fait défaut quand, par idéologie de quelques adversaires de la psychanalyse, et par incompétence des analystes à défendre la psychanalyse, il a été choisi par les enseignants à l’université, que ce soit dans les facultés de psychologie ou de psychiatrie, d’abandonner les auteurs de formation psychiatrique franco-allemande qui ont formé, entre autres, des cliniciens de la carrure d’un Henri Ey, d’un Jacques Lacan ou de ses élèves.
En choisissant de s’accointer sous les jupes de la psychologie du moi fort ou du DSM, les psychiatres et psychologues français, guidés par l’orientation donnée à l’université, ont fait un choix néfaste pour la société tout entière car cet accointement a la platitude de la clinique anglo-saxonne et forme, en France, des praticiens serviles, sans jus, ni muscle, ni verve et sans swingue pour le corps-à-corps transférentiel de tous les jours que Dieu fait.
N’en déplaise aux délicats, les métaphores belliqueuses de Freud ne sont pas de vains mots. Quiconque a su supporter le transfert sait, qu’au moment des tempêtes cliniques, il lui faut du souffle pour tenir bon, à savoir : s’abstenir de pousser la cure à tourner en rond, éviter de rompre le transfert, prévenir l’acting-out, anticiper le possible passage à l’acte.
Pour conduire la cure, le clinicien, dans la position de psychothérapeute ou de psychanalyste, doit recourir à des techniques qu’il se doit de respecter et de faire respecter. Sans rigidité mais avec rigueur, porté par le désir.
La technique de vérification de la certitude vise à donner au clinicien les repères nécessaires pour qu’il puisse, désormais, se comporter avec l’être, dans la position de malade, patient ou psychanalysant, de manière cohérente avec sa structure freudienne car, il est inconvenant cliniquement, voire fautif techniquement, de conduire la cure d’un psychotique comme s’il s’agissait d’un névrosé. Pour faire une telle distinction, le diagnostic structurel s’impose.
La certitude est dans le discours de celui qui parle. Le diagnostic n’a de valeur qu’à partir de la parole qui échappe par l’enclos des dents.
La technique de vérification de la certitude consiste à repérer la certitude par trois questions de confirmation. Le psychotique répond favorablement aux trois, le pervers ou le névrosé à une positivement, voire deux maximum.
Il est important de mettre en évidence que l’orgueil se trouve dans les trois structures, mais seul le psychotique peut pousser l’orgueil jusqu’à la mégalomanie.