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TARIFS DES PSYCHOLOGUES A PARIS – COMBIEN COUTE UNE SEANCE ?

Le prix d’une noble ambition

Fernando de Amorim

Paris, le 7 janvier 2020

Le diplôme de psychologue clinicien est insuffisant pour qu’un jeune puisse garantir son autonomie économique et sociale. Un boulanger en sortant de sa formation sait faire un croissant, un ingénieur sait faire une maison, une infirmière une piqûre, un psychologue clinicien, quant à lui, ne sait pas poser un diagnostic et conduire une cure.

La formule est crue mais l’époque et la situation française n’invitent pas aux salamalecs.

Dans l’article paru dans Le Monde du 5-6 janvier 2020, Esther Duflo dit, je la cite, qu’ « il faut cesser de se méfier des pauvres ». La formule me semble crue, elle aussi, mais au  sens où il nous faut la cuisiner pour que nous puissions apprécier sa valeur nutritionnelle. Il faut aider nos compatriotes humains, cela est une évidence, mais sans perdre de vue, qu’il ne sera pas possible de les sauver tous, de la pauvreté économique, sociale, amoureuse. Quelques-uns désirent s’en sortir, d’autres n’ont pas le désir pour cela. Cette affirmation se tranche dans la rigueur de la clinique avec le désir.

Examinons cela par l’angle de l’expérience de la consultation publique de psychanalyse (CPP), qui existe depuis 1991 et qu’aucune autorité publique, régulièrement saisie depuis cette date, ne s’est résolue à étudier ni à examiner. Cette expérience s’inspire de la demande de Freud en 1918. Mais les autorités publiques ne sont pas les seules à méconnaître cette expérience : du côté des praticiens, psychologues, psychiatres, médecins, c’est silence radio, comme si je n’existais pas. Du côté des universitaires, ce sont les habituelles amabilités : je serais un gourou, le RPH serait une secte.

À la différence de l’économiste, le psychanalyste ne peut opérer qu’au cas par cas. De là l’importance que, c’est ma proposition, deux cents psychanalystes apportent leur expérience clinique pour que la communauté scientifique puisse mesurer les effets d’une psychanalyse. L’expérience qui consiste à prendre « des échantillons significatifs d’écoles », me laisse sceptique par l’abondance des variables. En plus, comparer une telle expérience « à des essais cliniques des médicaments, où le groupe test bénéficie d’un traitement, mais pas le groupe témoin », me laisse tout aussi dubitatif.

Dans la consultation publique de psychanalyse, clin d’œil à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), je reçois des personnes qui payent 5 euros. J’invite les étudiants à faire de même. Le résultat est que ces personnes, désireuses de s’inscrire autrement dans leur vie sociale, et surtout de dénouer des nœuds dus aux organisations intramoïques, saisissent l’occasion clinique offerte par les héritiers de Freud et de Lacan, et s’engagent à construire leur désir chez le psychanalyste. Ici, je constate que ce qui différencie l’expérience de l’économiste nobélisée et du psychanalyste, est que, ceux qui s’en sortent s’engagent avec leur désir et se désengagent avec le désir de l’Autre non barré : quelques-uns retournent à l’école, d’autres construisent leur affaire, gagnent mieux ou correctement leur vie, et me payent mieux : de cinq euros, ils passent à quinze, et même à vingt-cinq euros la séance. Si tous les psychanalystes s’engagent avec une telle expérience de consultation publique de psychanalyse, la psychanalyse aura un poids social incontestable.

Mais il n’est pas question de traiter le pauvre en misérable ou de nourrir un discours misérabiliste. La visée est la construction de la position de sujet. La pauvreté dans les pays riches est un symptôme, c’est-à-dire, il est nourri par la haine, par la souffrance, par la vengeance. Et l’être se doit d’être pour quelque chose dans ce qui le concerne : de là l’importance d’examiner la pauvreté par l’angle des organisations intramoïques.

De même pour les étudiants de psychologie et de médecine qui désirent devenir psychanalyste. Aucun étudiant de psychologie ou de médecine ne gagne correctement sa vie, dès les premières années de vie professionnelle, à l’inverse d’un membre du RPH. Ces derniers poussent davantage leurs études, travaillent plus et gagnent plus.

Dix-huit membres cliniciens ont comptabilisés quarante-six mille deux cent trente consultations (46. 230) consultations et ont déclaré un million trente mille neuf cent quarante euros et quarante centimes (1. 030. 940, 40) de chiffre d’affaires.

Pour quelle raison ne pas élargir une telle expérience aux banlieues, aux villages français ?

Parce que « l’ambition de faire quelque chose d’utile », l’autre nom du désir de Madame Duflo, n’est pas encore au programme politique de la société malade.