La voracité
(III)
Fernando de Amorim
Paris, le 12 juin 2020
La famille, est très importante : pour les enfants.
Il est vrai que l’enfant ne peut pas vivre seul. La famille est la base de sa formation. La question est que la famille est devenue la représentation d’une tribu, d’une logique où les êtres portent une idéologie qui donne une supériorité aux garçons car, porteurs d’une bite, ils ont le droit de ne pas faire la vaisselle ou de faire le ménage ; les filles parce qu’elles ont un vagin, ont le devoir de conduire ces activités-là. Ça c’est une logique tribale, une idéologie moyenâgeuse, une logique primitive, qui est incompatible avec la société française, société que j’estime être parvenue à un niveau de civilisation telle qu’elle peut signaler le Nord aux autres sociétés humaines, si elles le veulent bien. J’évoque ici le désir d’exister à la française et non de colonisation. Il ne s’agit pas d’une supériorité française mais d’une responsabilité qu’elle a acquise au fil des temps à partir de sa compétence à sublimer des pulsions qui, récupérées par le Moi, visent la destruction. Une telle opération n’est pas tombée du ciel. Il a fallu des coups, du sang, des meurtres, une révolution. Des cendres est né le verbe, le désir de sublimation et le désir d’assimiler le désir de l’autre désireux de venir nourrir et de porter l’Autre barré français.
Un exemple, c’est l’usage du masque pendant le confinement sanitaire : après la raillerie des Moi gênés par l’usage de cet objet qui vise à protéger l’être du Réel incarné par le virus, j’avais cru voir se mettre en place l’intelligence féminine caractéristique de l’excellence française. Face à la contrainte imposée par le Réel, le génie français commence à faire des masques d’une très grande beauté, d’une très grande élégance. Le choix du tissu des femmes françaises est propre à cette manière française d’être. Est-ce que les asiatiques, les nord-américains, les sud-américains ou ailleurs en Europe, se sont penchés sur la manière belle de porter le masque ? Le choix des masques des français vient signaler ce niveau d’exigence vis-à-vis de l’élégance, vis-à-vis de cette recherche, avec trouvaille, de la beauté face au Réel.
Le Réel, le virus, est là. Comment se protéger ? Dans l’esprit français, les êtres se protégeront avec des masques élégants. Le virus se fiche complètement de l’étoffe. Le virus n’a pas de conscience. J’ai entendu des discours médiatiques tout à fait plats, en mettant en évidence le « méchant virus ». Un virus ne porte aucune méchanceté en lui. Le Moi si, et cela, par vengeance.
Le virus, comme le tigre, ne sont pas méchants. Une dame, dans une vidéo, jouait avec un lionceau, comme s’il était une poupée ou un chaton. Petit à petit, il quitte ses genoux et en se retournant tombe nez à nez, si j’ose dire, avec les seins de la dame. Ni un ni deux. Il a croqué dedans. Elle le traite de méchant.
Une autre chose, c’est cette exigence sociétale envers nos hommes politiques : quelques Moi, veulent faire des procès au Premier Ministre. Le Premier Ministre est confronté au Réel comme tout le monde. Et une épidémie, une pandémie, c’est un déchaînement du Réel sur l’être parlant. Il faut tâter, trouver des moyens, et je pense que le gouvernement a été très réactif, avec bien évidemment, des choses qui ne vont pas convenir aux uns et aux autres.
Mais cette inconvenance des uns et des autres est le signe qu’ils ne sont pas dans une relation subjective. Ils sont dans une relation moïque. Et cette relation moïque commence dans la famille.