L’habit ne fait pas le moine
Fernando de Amorim
Paris, le 3 janvier 2020
Cette expression, lecteur, était utilisée par le pape Grégoire IX au XIIIe siècle. Elle m’aidera à expliciter ce qui suit :
Le travail du psychologue est lié directement à sa formation universitaire. Quelques-uns, et surtout quelques-unes puisque le métier s’est féminisé comme tant d’autres, s’engagent à ne pas se contenter de leurs formations universitaires et à cherchent se former véritablement à la clinique. Si le psychiatre a une formation médicale solidement clinique, la psychologue trouvera le chemin de la clinique en ouvrant son propre cabinet.
Même si un certain nombre de psychologues pensent qu’ils sont cliniciens parce qu’ils portent l’intitulé universitaire de psychologue clinicien, qu’ils travaillent en institution, je défends l’idée que, la clinique n’est portée que dans un cadre dégagé de toute contrainte extérieure au transfert.
Etre psychologue à Paris n’a pas le même statut qu’être psychologue en banlieue ou encore être psychologue ou psychiatre en province. À Paris, le nombre de psychologues et de psychiatres est très important. Nous avons plusieurs facultés de psychologie et de médecine à Paris et en banlieue proche.
Je me limiterai ici aux psychologues. Il est vrai que ce nombre important de nouveaux psychologues ne s’installera jamais en tant que cliniciens. Elles glaneront plusieurs mi-temps, voire quart temps, dans des établissements différents, ou quelques heures en tant que psychologue dans un hôpital, une crèche, une école. Mais l’opération clinique, celle qui fera d’elle une vraie clinicienne, ne verra pas le jour.
Vous remarquerez que je mets en évidence la dimension dite clinique dans un autre registre que celui du diplôme universitaire de psychologue, qui fait ce dernier se présenter en tant que psychologue spécialisé en couple ou en tant que psychologue comportementaliste ou comportementale, ainsi qui son lieu d’installation. Il paraît qu’il est plus facile de s’installer comme psychologue à Paris en général, ou Paris 9e en particulier qu’à Vandoeuvre. Si j’évoque ici le 9e arrondissement, c’est parce que je pense à la CPP (Consultation publique de psychanalyse) du RPH-Ecole de psychanalyse.
Le RPH, Réseau pour la psychanalyse à l’hôpital, assure la formation clinique des jeunes étudiants ou des jeunes psychologues ou psychiatres dans le 9e arrondissement de Paris.
Toutes ces appellations, comme psychologue clinicien, psychiatre comportementaliste, analyste junguien, ont une fonction, mais elle n’est pas clinique.
Un clinicien n’est plus attaché à son diplôme mais à la position qu’il occupe dans l’opération de maniement du transfert et de conduite de la cure, qu’il s’agisse d’une psychothérapie ou d’une psychanalyse. C’est à partir du transfert qu’il sera possible au clinicien de dénouer les symptômes qui apparaissent sous forme de souffrances psychiques comme l’angoisse, l’anxiété et que les médecins généralistes, comme les médecins psychiatres, étouffent avec des anxiolytiques ou des antidépresseurs. L’étouffement est nécessaire mais il n’est pas thérapeutique. Thérapeutique c’est d’adresser le patient vers le psychanalyste. Il en est de même lorsque des souffrances corporelles, comme la fatigue, les douleurs inexplicables empêchent femme, homme, enfant de vivre normalement, c’est-à-dire : aimer, travailler, étudier, se divertir.
C’est à partir du transfert que chaque personne, en faisant le minimum de confiance dans le clinicien choisi, qu’il soit psychologue ou psychiatre de formation, l’autorise à occuper la position de psychothérapeute ou de psychanalyste.
Vous remarquerez que toute mon attention vise la position clinique et non le diplôme universitaire.
Le diplôme, qu’il soit de psychiatre ou psychologue est important, mais il ne fait pas le clinicien.
La position de clinicien se construit dans la rencontre avec le psychanalyste.