Fernando de Amorim
Paris, le 7 octobre 2024
La cartographie du RPH sert au clinicien pour conduire la cure. C’est grâce à cette cartographie (statique), ainsi qu’à la carte des trois structures (dynamique), qu’il est possible de repérer les avancées, les reculs et les déviations de l’être en psychothérapie et en psychanalyse. Il est aussi possible de repérer le moment des entretiens préliminaires, de l’entrée en psychothérapie, de la sortie de psychothérapie, de l’entrée en psychanalyse, de la sortie de psychanalyse et enfin de savoir s’il y a eu analyse ou psychanalyse.
Dans une analyse comme dans une psychanalyse, le clinicien a occupé la position de supposé‑psychanalyste. Mais dans une analyse, le psychanalysant – il est psychanalysant parce qu’il a apporté une réponse positive à la question à l’Autre barré – n’a pas traversé de fantasmes fondamentaux ou le fantasme originaire, l’objet rien (Cf. De la distinction entre fantasme originaire et fantasme fondamental). Alors que dans une psychanalyse, au moins un fantasme originaire est traversé, ce qui laisse l’être sans rien. C’est ce rien qu’il construit symboliquement en objet rien. C’est à partir de cet objet qu’il construit sa responsabilité de conduire aussi sa destinée.
Une dame veut, à tout prix – ce sont ses mots – un enfant. Cela ne signifie pas qu’elle désire occuper la position de mère.
En voulant justifier sa sortie de psychanalyse avec cet argument – elle est arrivée en disant que sa souffrance était de ne pas tomber enceinte et maintenant elle est mère d’un petit garçon –, elle montre simplement que son être n’a pas été touché par la grâce, de la castration.
La castration suppose que l’être perde de sa relation avec le Moi et qu’il s’engage dans un rapport avec l’Autre barré.
Ce n’est pas le cas ici.
En couple depuis dix ans, ayant fait des PMA, des FIV, des inséminations artificielles et un accueil d’embryon, le couple désespérait de pouvoir fonder une famille. Il est au bord du gouffre : madame est dépressive et monsieur souffre d’une anxiété qui l’affecte au travail, selon ses dires à elle.
L’arrivée d’une grossesse, d’un enfant pour « embellir le couple » était presque impossible, toujours selon ses dires.
En colère contre son époux, elle le traite, après insistance de ma part, de « sale feuge ».
« Sale feuge ? »
Elle dit : « sale juif ! ».
« Mais ce n’est pas du tout la même chose » dis-je.
« Sale feu… ge. Associez librement » demandé-je.
Elle : « Je me sentais sale de ne pas pouvoir donner un enfant à mon couple. » Cet auto-reproche s’articule avec son époux qui maintenant n’est plus juif, mais « Mein Führer ».
Elle continue : « Cela veut dire Mon guide ». Elle continue à associer librement. Je n’interviens plus.
Puis, elle associe Mein Führer à « ma fureur », à sa fureur à elle qui détruit ce qu’elle fait depuis son enfance.
Au contraire de se limiter à l’évidence : racisme, discrimination, ce qui est mis en évidence ici est du champ de l’appareil psychique et non du discours sociétal. Rien à voir avec la prétendue tyrannie des Israéliens, du Liban, de la Palestine. Absolument pas. Il s’agit de la soumission du Moi envers ses propres organisations intramoïques. Ses insultes viennent de l’Autre non barré (A), mais elles s’adressent au Moi. Le Moi, quant à lui, vise l’autre (a’’’) pour éviter de reconnaître le tyran (A) qui l’habite et l’écrase.