Le texte qui suit est une réflexion sur ce qui est arrivé à deux personnes menacées dans leur intégrité morale et corporelle : un juge au Liban et un chroniqueur conseiller municipal en France, Pierre Liscia. Ces personnes sont victimes de deux organisations intramoïques, à savoir : la résistance du surmoi et l’Autre non barré. Il s’agit d’une théorisation de l’auteur de ses lignes à partir de l’enseignement de Freud, pour ce qui concerne la résistance du surmoi, et de Lacan, pour l’Autre non barré. Ma visée est d’étudier le déchaînement de haine, au nom d’une loi régie par la populace internautique, car c’est ainsi que j’appelle le moi, instance aliénée par structure et soumise aux injonctions des organisations intramoïques ; la résistance du surmoi, organisation intramoïque qui s’exprime en agressant l’autre ou soi-même par écrit ou musculairement ; l’Autre non barré, organisation intramoïque qui exprime sa haine verbalement envers l’autre ou envers soi-même. Bien évidemment, cette réflexion ne vise nullement à expliquer, ou à justifier cette lâcheté du moi. Les autorités sont élues et payées par la majorité du peuple pour mettre en place des lois civilisées – des lois qui portent le sceau de la castration symbolique et de la limite humaine – et des instruments légaux – la justice, la police, l’armée – pour protéger les êtres qui veulent vivre en paix quand ces instances, frustrées, sont friandes de cris de vengeance, de larmes de sang, de cadavres à foison. Au nom de leur dieu méchant.
La barbarie et l’obscurantisme montrent leurs dents. Il devient nécessaire que la pensée, la raison, la réflexion, la science, puissent trouver en nous, chez nous, l’écho nécessaire pour que ces courageux puissent savoir que la pensée des hommes libres, est vive.
Un monsieur, Haji Hassanal Bolkiah, vient d’instaurer un code pénal inspiré de la charia dans le sultanat de Brunei. L’homosexualité, qui dans ce petit pays est déjà illégale, est dorénavant considérée comme un crime.
Depuis le Bataillon Sacré, Ιερός Λόχος, le monde civilisé connaît le rapport intime entre amants du même sexe.
Aujourd’hui, je viens d’apprendre qu’un Procureur général du tribunal militaire au Liban, Monsieur Peter Germanos, vient d’acquitter quatre militaires accusés d’homosexualité. De plus en plus, dans les pays civilisés, l’homosexualité fait partie de la vie sociale, dans les pays barbares, l’homosexualité est traitée comme un crime qu’il faut punir, ou comme une maladie qu’il faut soigner dans un asile en la mettant au pas de l’hétérosexualité.
L’homosexualité n’est pas une maladie. Si elle est structurelle, elle est un choix sexuel, si elle n’est pas structurelle, elle est un symptôme que le psychanalyste pourra dénouer au fil des séances.
L’homme respectueux de la Loi, la vraie, la symbolique, juge et condamne le crime à la hauteur de la faute. En psychanalyse, nous parlons de castration symbolique quand une séparation vient en lieu et place du symptôme, non pas de la structure. La structure psychique de l’être parlant est immuable. Pouvons-nous demander à la sœur baleine de se balader sur le mont Liban ? Peut-on oser imposer au frère Cèdre de barboter à la plage Al Jammal ? Ceci, ce sont des arguments de clinicien. L’argument du vrai homme de Loi c’est que, selon mes informations (https://www.lorientlejour.com/article/1164464/le-tribunal-militaire-depenalise-pour-la-premiere-fois-lhomosexualite.html), Monsieur Germanos suit le tribunal civil car, dans un pays civilisé, les ex-militaires sont à la retraite, et les militaires sont dans les casernes et aux ordres de leur Commandant en Chef des Armées, plus précisément écrit, le Chef des Armées, celui qui a été élu par la majorité démocratique.
Il est vrai que nous tous vivons une distension de la vie morale : les insultes aux femmes, le manque de respect au corps des enfants, la mascarade des voilées de tout poil.
La formule « contraire à la nature » est évoquée dans l’article puisqu’elle fait référence au code pénal. En un mot, un homme ne peut pas enculer un autre homme mais il peut enculer une femme, femme d’ailleurs qui, pour goutter aux plaisirs de la chair avant le mariage trouve dans la sodomie une manière de se sentir femme, adulte, libre de jouir de son corps, tout en gardant la fameuse virginité pour son mari, celui qui est encore choisi par les parents. Sans oublier les femmes qui viennent à Paris pour se faire refaire un hymen, pour que le malheureux élu puisse se vanter d’avoir dépucelé son épouse.
Une société prise dans ses freins obscurantistes ne pourra pas féconder des êtres désireux d’aimer et travailler. En Orient comme en Occident.
Les gens biens, ceux qui sont civilisés, savent que la sexualité, n’importe laquelle, passe par le consentement de l’autre et par l’élégance discrète exigée par la vie en société. Consentement qui portera toujours le malentendu dans son cœur car, la loi qui régit les êtres humains, elle, est structurellement défaillante.
Il faut signaler que, chez ces gens-là, la loi est faite par des mecs, pour des gars car ils ne se gênent pas d’humilier et de punir la pratique lesbienne de la manière la plus ignoble.
Il faut rendre ici hommage à Monsieur Germanos au Liban, comme à Monsieur Liscia en France lequel, pour ne pas avoir serré la main à un homme qui prône la burqa pour les femmes, reçoit des insultes et des menaces de mort. C’est à ce moment que le manque de père « pour aimer et respecter », comme dit le poète Pessoa, et le regret « d’avoir manqué l’école », s’étalent au grand jour.
Un être ne doit pas être puni ou exclu de son métier en raison de son choix sexuel. Il doit être puni, selon les règles de la Loi civilisée, parce qu’il n’a pas respecté la Loi car, « la vie privée d’un soldat ne regarde que lui », comme avait dit le directeur de l’association Proud Lebanon.