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La prévention comme thérapeutique (Féminicide V)


Fernando de Amorim
Paris, le 6 juin 2020

Dans un premier temps, la colère du paranoïaque s’adresse aux femmes (« Les jupes trop courtes : poubelle. Les chemisiers décolletés : poubelle), ensuite aux hommes (« Tous des bâtards qui voulaient sauter sa femme »).

Quand celui-ci, le paranoïaque, reconnaîtra ses pensées amoureuses envers le représentant du même sexe que lui, la clinique sera possible. Mais, dans la grande majorité des cas, c’est le suicide qui aura la préférence à reconnaître les pensées amoureuses envers le même sexe que le sien.

La journaliste a clairement décliné l’évolution vers le pire, conclusion de la certitude délirante.

D’une scarification superficielle, le Moi de l’époux est passé à une prise de médicaments, ensuite il lance son automobile contre l’auberge « en souvenir » d’un moment heureux passé avec sa dame. L’homme a survécu « aux blessures sérieuses et au coma profond ». S’agit-il du « chantage » comme l’écrit la journaliste ? Il est impossible de faire l’étude psychopathologique du crime sans la psychanalyse. Cela suppose la présence du psychanalyste, l’installation du transfert et la présupposition que l’être est responsable de son acte. Ce qui permettra de distinguer s’il est responsable avant, pendant ou après l’acte. Ces distinctions sont faites à partir d’un examen minutieux des dires de l’être lui-même et non à partir des écrits ou des articles d’un tiers.

Un téléphone grave danger (TGD) est-ce une solution ? Rien ni personne ne peut protéger de la pulsion de destruction. La gendarme, femme de terrain indique la voie : « Lucie Bauer sait que l’imperméabilité totale à la justice est un indice de dangerosité » : pendant une tentative de conciliation, « ils sont repartis ensemble du tribunal, malgré l’interdiction de se voir, sous les yeux de leurs avocates ». Rien ni personne ne peut protéger de la pulsion de destruction, qu’elle soit agent passif ou actif …

La prévention est la meilleure thérapeutique : dès la première insulte, une mise en garde ; dès la première claque, la séparation. Comme cela est fort improbable, car il y a trop de jouissance chez le Moi, celui-ci reste en place. Les femmes doivent être préparées pour l’indépendance. Toute dépendance à l’époux installe ce dernier dans une position de supériorité. C’est la logique propre du Moi, cerbère des organisations intramoïques. Il en va de même s’il s’agit d’un homme dépendant de son épouse. Le lecteur remarquera qu’il ne s’agit pas de genre, mais de la jouissance du pouvoir exigée par les forces intrapsychiques et intramoïques. Exclure la psychanalyse de la psychopathologie est une erreur que la psychiatrie au service du DSM, ce bricolage idéologique au service d’un semblant de scientificité, est en train de payer au prix fort. Ma proposition : la psychanalyse. Que les universitaires et les psychiatres reprennent le chemin de la praxis psychanalytique.